ALLOCUTION DU 27 MAI 2011


Cette année, pour commémorer le 68ème anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance voulu par le général de Gaulle et présidé par Jean Moulin, notre association a choisi de donner la parole à Stéphane Hessel.

Né en 1917, ce résistant engagé auprès du général de Gaulle dès mars 1941, arrêté par la gestapo le 10 juillet 1944, déporté, a été ambassadeur aux Nations Unies et associé à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée en 1948.

Voici ce qu’il écrit, notamment, dans son livre intitulé «Indignez-vous » paru l’année dernière :

Le Conseil National de la Résistance « avait mis au point un programme, l’avait adopté le 15 mars 1944 et avait proposé pour la France libérée un ensemble de principes et de valeurs sur lesquels reposerait la démocratie moderne de notre pays.

De ces principes et de ces valeurs, nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin. Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas celle des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité Sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance.


A partir de 1945, après un drame atroce, c’est une ambitieuse résurrection à laquelle se livrent les forces présentes au sein du Conseil National de la Résistance. Rappelons-le, c’est alors qu’est créée la Sécurité Sociale comme la Résistance le souhaitait, comme le programme le stipulait...

« Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », la nationalisation des sources d’énergie, de l’électricité et du gaz, des charbonnages, des grandes banques : c’est ce que le programme préconisait encore…

La Résistance propose « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale » où l’intérêt général doit primer sur l’intérêt particulier, le juste partage des richesses créées par le monde du travail doit primer sur le pouvoir de l’argent. Et le Gouvernement provisoire de la République s’en fait le relais.

Une véritable démocratie a besoin d’une presse indépendante ; la Résistance le sait, l’exige, en défendant « la liberté de la presse », c’est ce que relaient encore les ordonnances sur la presse dès 1944. Or c’est bien ce qui est aujourd’hui en danger…

La Résistance en appelait à « la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction la plus développée », sans discrimination ; or les réformes proposées en 2008 ( et les suppressions de postes ) vont à l’encontre de ce projet.

C’est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd’hui remis en cause.

Le motif de base de la Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, à transmettre l’héritage de la Résistance et de ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! … Il faut s’engager au nom de sa responsabilité de personne humaine... Si aujourd’hui comme alors, une minorité se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour que la pâte lève. »







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Pages réalisées par Louis VAISSE