ALLOCUTION DU 27 MAI 2005.


Je m’exprime aujourd’hui devant vous au nom de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et des Amis de la Résistance A.N.A.C.R..

27 mai 1943 : au 48 rue du Four, dans Paris occupé, Jean Moulin réunit pour la première fois les représentants des mouvements, des partis politiques et des syndicats constituant la Résistance aux occupants nazis. Le Conseil National de la Résistance est créé.

Cette union aura pour conséquence une plus grande efficacité dans les coups portés à l’ennemi mais cela permettra également et surtout à notre pays de conserver sa souveraineté après la victoire du 8 mai 1945. Pour ces raisons, c’est, à nos yeux, une date essentielle et c’est pourquoi nos associations demandent, depuis de nombreuses années, de faire du 27 mai la Journée nationale de la Résistance ; cette journée non chômée devrait être l’occasion d’évoquer par toutes sortes de manifestations, notamment auprès des plus jeunes, la Résistance et les valeurs de la République qu’elle a défendues.

27 mai 1945 : depuis la fin janvier, le monde découvre l’horreur des camps de concentration ; l’impensable, l’inimaginable, l’indicible cruauté dont ont été capables et coupables les hommes et que certains tentent de nier aujourd’hui.

Hitler s’est suicidé. La Résistance et les armées alliées sont venues à bout de l’ennemi nazi qui a capitulé. La France est de nouveau libre. L’heure est venue de reconstruire des vies et des familles traumatisées à jamais, de rebâtir un pays exsangue. De partir de ces décombres pour donner aux français une vie meilleure en s’appuyant sur le programme du Conseil National de la Résistance adopté le 15 mars 1944 et intitulé, dans un premier temps, « Les jours heureux » par ses membres. Tous d’origine, de partis et de confessions différents, après tant de souffrances, ils tenaient à rendre aux français leur dignité dans un pays où Liberté, Egalité, Fraternité auraient un sens, grâce au progrès social, notamment.

27 mai 2005 : un peu plus de 61 ans après, qu’en reste-t-il ? Le bilan que nous pouvons faire satisferait-il ceux qui se sont battus pour nous ?

Liberté ? oui, nous avons encore la liberté de penser, de nous exprimer, de protester… mais sommes-nous entendus ?

Où est l’égalité quand des hommes et des femmes meurent de froid ? quand travailler ne permet plus de vivre décemment ?

Qu’en est-il de la fraternité lorsqu’on ignore son voisin ? lorsqu’on profane des tombes ? Que sont devenus les « jours heureux » dont rêvaient les résistants ?

Hier, contre les nazis, ils nous montraient le chemin. Beaucoup ont donné leur vie pour que la nôtre soit meilleure. Soyons-en dignes en résistant à notre tour contre les attaques d’un autre genre qui nous sont faites; résistons pour que reviennent « les jours heureux » !

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Pages réalisées par Louis VAISSE