ALLOCUTION DU 26 AOUT 2006.


L’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et les Amis de la Résistance m’ont confié, cette année encore la tâche de m’adresser à vous en leur nom.

Après le débarquement sur la plage du Dramont, près de Saint-Raphaël, le 15 août 1944, l’armée de libération avance, informée, guidée par les résistants qui lui ouvrent le passage. Le général de Lattre de Tassiny reçoit le commandement de la 1ère armée avec pour mission de libérer Toulon et Marseille.
Il progresse rapidement vers ses objectifs, à la tête d’une troupe de 200 000 hommes environ où combattent, côte à côte, 90 000 français et 110 000 « indigènes », comme on les appelait à l’époque, issus des colonies françaises : divisions d’infanterie algérienne et marocaine, division marocaine de montagne, division française libre, division d’infanterie coloniale venue d’Afrique noire, zouaves, spahis, chasseurs d’Afrique, commandos d’Afrique, tabors marocains et tirailleurs sénégalais.
Ce sont eux que les seynois verront arriver le 26 août 1944 et qui, faisant leur jonction avec les résistants, pourchasseront les soldats allemands jusqu’à leur reddition signée par l’amiral Rhuffus à Saint-Elme.

La Seyne, enfin libre et honorée par l’attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil, peut commencer à panser ses plaies, nombreuses et profondes :75 soldats tués au combat, 456 prisonniers dont 11 morts en captivité, 261 civils tués, 463 blessés, 15 résistants fusillés et 115 déportés dont 16 ne sont jamais revenus des camps de la mort nazis. Sur les 5902 immeubles que comptait la ville, 4310 sont sinistrés dont 277 détruits.

Nous devons être reconnaissants envers ces soldats de fortune qui ont lutté courageusement pour notre liberté. A Signes, non loin d’ici, une stèle rappelle le sacrifice de ceux que l’on appelait les « Turcos ». Cette année, le film « Indigènes » présenté au Festival de Cannes par l’Algérie et récompensé par un prix d’interprétation, leur a été consacré. Il aura tout de même fallu attendre 62 ans !

Dans les rangs des combattants de l’ombre, on trouve également des « étrangers »: italiens hostiles à Mussolini, espagnols fuyant la dictature franquiste, arméniens et d’autres encore. Regroupés notamment au sein des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Oeuvre Immigrée, ils se sont engagés aux côtés des résistants français pour défendre le pays qui les a accueillis.

Quelle importance la couleur de la peau, l’accent, le mode de vie, les croyances, tous, militaires ou résistants étaient prêts à donner leur vie pour libérer la France.

Quelle leçon pour notre époque où l’on oublie trop souvent qu’il n’existe qu’une seule race : la race humaine et que nous avons tous besoin les uns des autres !





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Pages réalisées par Louis VAISSE