Allocution du 26 août 2012.


Comme chaque année nous commémorons ici la libération de notre cité et nous rappelons les événements qui se sont produits entre le 15 août 1944, jour du débarquement des Forces Armées en Provence, et le 26 août.

Nous rappelons également le lourd tribut en vies humaines et en démolitions payé par la population et la ville à cette guerre ; mais on n'évoque pas souvent ce que fut la Résistance à La Seyne,

Sans vouloir minimiser l'action indispensable de l’armée de Libération sous le commandement du général de LATTRE de TASS1GNY, il ne faut pas oublier que durant 4 longues années. car fa Résistance seynoise a commencé dès 1940, des habitants de notre ville n'ont pas accepté le joug nazi

Bien sûr, il n'y eut pas de faits d'armes retentissants si l’on excepte la tragique fusillade du commissariat de police qui fît 3 victimes auxquelles nous venons de rendre un hommage mérité. Cependant, individuellement ou en groupes, dans l'ombre, des Seynois de tous bords réagirent.

Les ménagères qui, les premières, descendirent dans la rue pour réclamer de la nourriture pour leurs enfants avaient-elles conscience d'être des résistantes ? ... et pourtant !

En ville, plusieurs réseaux se constituèrent : « Combat» avec, à sa tête le Franc-Maçon Pierre FRAYSSE qui sera le chef du Comité de Libération après la guerre, les Francs Tireurs et Partisans Français ( F.T.P.F. ) autour de Louis MICHEL et « Lilou » DIANA, pour ne citer que les deux plus importants mouvements de résistance présents à LA SEYNE.

Les F.T.P.F étaient très actifs : impression de tracts sur la ronéo de «Gu» BERTODATQ, quartier Toufany, par exemple, dépôt puis récupération de journaux chez ceux que l'on appelait les « boîtes à lettres », transport et répartition des tracts et journaux, souvent confiés à des femmes, transmission de renseignements, commémorations du 14 juillet et du 11 novembre, caches d'armes, etc

La reconstitution du Parti Communiste interdit depuis 1939, autour de François CRESP fut également une étape importante.

Aux Chantiers navals, la C.G.T. clandestine se reconstitua sous l’égide de Marius TRAVERSA et réussit à prendre la direction du syndicat local légal, protégé par la Charte du Travail. Ainsi furent préparées, en toute légalité, les manifestations et les grèves qui obligèrent la direction allemande à améliorer les salaires et la nourriture des ouvriers.

Transmettre les doléances des ouvriers, faire grève et manifester sons la menace des mitrailleuses allemandes n'étaient pas choses faciles .„ et pourtant ! Soulignons enfin que dans ces mêmes Chantiers, plusieurs sabotages eurent lieu : plaques de tôle, cornières, éléments d'assemblage jetés à la mer, rivets et ferraille introduits dans les boggies des wagons transportant les matériaux sur lesquels une main anonyme avait tracé à la craie le «V» de la victoire, acide versé dans les moteurs… : aucun des 32 chalands de débarquement ni des 3 navires de transport construits aux F.C.M. ne purent être livrés à la Marine allemande. Qui avait agi ? on ne le saura jamais. Malgré la présence et la surveillance d'ingénieurs allemands, aucun auteur ne fut découvert.

Certains membres du personnel d'encadrement furent sans doute complices. Parmi eux, monsieur VEYSSIERE, alors sous-directeur, qui donnait toujours des affectations spéciales à de jeunes ouvriers menacés par le S.T.O. On saura par la suite qu'il faisait partie du réseau « Sosie » dépendant des services de renseignement alliés.

Chaque action avait sa signification et son importance, toutes furent utiles et permirent à notre ville d'obtenir la croix de guerre avec étoile de vermeil dont nous pouvons nous enorgueillir.

L'Histoire a retenu les noms de ceux que l'on appelle « les héros de fa Résistance », les villes et villages ont honoré « leurs martyrs de la Résistance » en donnant leurs noms à des rues mais la Résistance c’étaient aussi des actes simples, souvent méconnus, peu spectaculaires mais tout aussi importants et dangereux accomplis par des anonymes qui, le plus souvent ne l'ont jamais fait savoir après la guerre car, pour eux, c’était « normal ».



L'occasion nous est donnée aujourd'hui de rendre nommage à tous ces Français et étrangers, Seynois de souche ou d'adoption, qui ont contribué à nous rendre liberté et dignité. Comme des milliers d’autres, partout en France, ils n'ont pas hésité à exposer leurs vies, nous montrant le chemin. C'est pourquoi, si nous devons retenir une leçon de ces temps particulièrement difficiles, c'est qu’il n’y a pas de résistance inutile, il n'y a que des renoncements coupables.

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Pages réalisées par Louis VAISSE