ALLOCUTION DU 27 MAI 2006.


Cette année encore nous sommes rassemblés pour célébrer la création du CNR et je vous remercie de votre présence, au nom de nos deux associations : l’A.N.A.C.R. et les Amis de la Résistance ( A.N.A.C.R. ).

Nous avons appris avec satisfaction la décision du gouvernement d’instaurer une Journée Nationale commémorative du 18 juin. C’est un premier pas encourageant. Il reste, à présent, à faire la même démarche en décrétant Journée Nationale de la Résistance le 27 mai comme nous le demandons depuis de nombreuses années. En effet, 18 juin et 27 mai sont étroitement liées et nous ne comprendrions pas pourquoi on pourrait célébrer l’une sans célébrer l’autre. Le lien entre ces deux dates étant bien évidemment le général De Gaulle puisque c’est envoyé par De Gaulle que Jean Moulin rassembla les principaux mouvements, partis politiques et syndicats engagés dans la Résistance et constitua, le 27 mai 1943, le C.N.R. composé de 20 membres.

Il faut se replonger dans cette époque troublée : Paris occupé, comme la France entière, les résistants traqués par la Gestapo mais aussi par la milice et la police françaises, des délateurs prêts à tout… Dans ce contexte, réunir les principaux responsables de la Résistance était très risqué.

Cependant, tous répondirent présents, non seulement ce jour-là, mais ils continuèrent à se retrouver régulièrement, même après l’arrestation et l’assassinat de Jean Moulin, pour mettre au point les actions mais aussi les réformes nécessaires afin de permettre aux Français de vivre dignement lorsque le pays serait libéré, ce qui ne faisait aucun doute à leurs yeux. Car ces hommes, même dans ces circonstances périlleuses, avaient au cœur le mieux être de leurs concitoyens. Rien d’étonnant puisque la plupart étaient issus de ce peuple français qu’ils voulaient défendre et libérer des nazis.

Surmontant les difficultés et les divergences d’opinion, ils surent se mettre d’accord sur des propositions que l’on désigne sous le nom de « programme du CNR » et qu’ils avaient intitulé « les jours heureux »… tout un programme, en effet ! Ces propositions furent largement reprises par le gouvernement après la Libération et apportèrent aux Français un véritable progrès social. Ils proposaient, entre autre, la liberté d’association, de réunion et de manifestation, le droit à l’éducation pour tous, au travail, au repos et à une retraite digne, une protection sociale, une révision du code du travail, la nationalisation des sources d’énergie et des grandes banques.

Oui, l’homme était au centre de leurs préoccupations.

Aujourd’hui, les priorités ont bien changé. Que penseraient-ils, ces hommes de bonne volonté, en voyant notre société où l’homme n’est qu’un moyen, un outil jetable parmi d’autres pour accumuler toujours plus de profits, où l’on néglige ou utilise le plus grand nombre au bénéfice d’un petit nombre, où les racismes et les discriminations de toutes sortes resurgissent ?

Où sont les jours heureux que nos libérateurs appelaient de leurs vœux ?

Je vous laisse méditer sur les réponses à ces questions et vous invite à venir nous rejoindre afin de défendre les valeurs républicaines qui étaient celles de la Résistance et qui se retrouvent dans notre devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité auxquelles peuvent s’ajouter dignité et respect.

Retour Sommaire Allocutions

Pages réalisées par Louis VAISSE