ASSEMBLEE GENERALE DU 1° Février 2004
RAPPORT MORAL PRESENTE PAR Maurice OUSTRIERES

Mesdames, Messieurs, chers amis, chers camarades,
On ne sait pas encore dans le détail ce que seront les cérémonies officielles marquant le 60° anniversaire des débarquements en France. Mais certains bruits circulent, selon lesquels, dans ces cérémonies, la Résistance serait réduite à la portion congrue.

Nous ne voulons pas y croire . Nous ne pensons pas un seul instant que nos frères des forces françaises libres, que les soldats de toutes nations et de toutes couleurs qui débarquèrent sur notre sol pour voler au secours de la France occupée, que tous ces combattants qui luttèrent, et souvent moururent, en se dressant contre l’Allemagne nazie et ses complices français – nous ne pensons pas, dis-je, que tous ces hommes épris de liberté aient oublié le rôle de premier plan joué par la Résistance, avec eux parfois parmi eux, pour aider, guider, nettoyer le terrain, harceler l’ennemi, assurant ainsi le succès de l’énorme opération lancée par les Alliés sur le sol varois.

C’est en grande partie grâce à la Résistance que les troupes dirigées par le général de Lattre de Tassigny purent réaliser la totalité de leurs objectifs avec plusieurs mois d’avance sur les prévisions les plus optimistes des états-majors alliés.

Ceci étant dit, et en priant qu’on m’excuse de cette apparente digression, je voudrais, comme le veut la coutume, rappeler, non pas la philosophie (c’est un trop grand mot), mais l’esprit qui anime les Anciens Combattants de la Résistance et les Amis de la Résistance.

L’A N A C R est l’association d’anciens Résistants la plus représentative, dans la mesure où elle accueille dans ses rangs des Résistants issus de tous les mouvements, partis et syndicats qui, le 27 mai 1943, avaient ensemble, sous la présidence de Jean Moulin, créé le Conseil National de la Résistance. Au fil des années, depuis qu’elle existe, l’ANACR a vu se joindre à elle des Résistants de toutes les sortes, de toutes les familles, y compris des anciens de la France libre, qui furent les premiers à rejoindre à Londres le général de Gaulle.

D’où vient la réussite de l’ANACR ? Des principes qu’elle a posés une fois pour toutes, et qu’elle met en pratique depuis avec la plus extrême rigueur. « Chez nous, toute la Résistance exalte toute la Résistance », a pu dire le secrétaire général national de l’ANACR, Charles Fournier-Bocquet.

Venant de milieux différents, professant des opinions politiques diverses, parfois opposées, issus de couches sociales variées, et parfois antagonistes, les adhérents de l’ANACR peuvent se trouver divisés sur tel ou tel point de l’actualité. Mais ils ont en commun le souvenir de cette époque exaltante, quoique dangereuse, au cours de laquelle ils combattirent, soit séparément, soit ensemble, les mêmes ennemis : l’Allemagne nazie et ses complices de Vichy. De sorte que, quelle qu’ait pu être, parfois, l’importance des divergences d’opinion qu’ils manifestèrent à propos de tel ou tel problème politique survenu après la guerre, jamais il n’y eut de rupture, l’ANACR ne prenant une position publique sur les problèmes discutés que lorsque l’unanimité avait pu se dégager.

Le souvenir du passé, des épreuves partagées, est demeuré si fort qu’il a créé entre les adhérents de l’ANACR politiquement les plus éloignés les uns des autres, des liens dont la solidité est à l’épreuve des événements et des années.

Les Amis de la Résistance, qui nous ont aujourd’hui rejoints, et qui se sont voués au maintien de la mémoire résistante, sauront, nous en sommes certains, s’inspirer de l’exemple des aînés pour faire des Amis de la Résistance (ANACR) une association digne de leurs devanciers anciens Résistants. Ainsi, quand nous, les Combattants de la Résistance, aurons tous disparu, les Amis seront aptes à prendre notre succession, en maintenant dans leurs rangs cette volonté d’union, cette absence de sectarisme, qui permirent – jadis ? naguère ? – à Jean Moulin de forger le magnifique outil que fut le Conseil National de la Résistance.

Pendant la seconde guerre mondiale, il y a eu des mouvements de Résistance dans pratiquement tous les pays de l’Europe occupée. Mais seule, la Résistance française réussit à s’unir, décuplant de ce fait la puissance de son action. A l’ANACR, nous sommes fiers de cette spécificité française. Nous pensons qu’elle a valeur historique, et même philosophique ; nous pensons qu’elle montre de quels atouts dispose une nation qui a su, quand les circonstances l’exigeaient, oublier ses querelles, et regrouper toutes ses forces vives dans le combat patriotique.

Dussions-nous être accusés de manquer de modestie, nous croyons que notre pays a encore besoin de notre engagement civique, ne serait-ce que pour empêcher le souvenir de la Résistance de sombrer dans l’oubli.

Vivent l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et ses Amis ! Vive la France !



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Pages réalisées par Louis VAISSE