Allocution du 26 août 2014.
Il y a 70 ans, les Alliés libéraient le sud du pays. L’armée B du général de Lattre de Tassigny, chargée de libérer les villes du littoral, était principalement composée, outre la 1ère Division Française Libre, d’hommes venus des colonies françaises : Africains d’Afrique Equatoriale et Occidentale Française, Algériens, Tunisiens, Marocains, Malgaches, Indochinois, Tahitiens, Calédoniens, Antillais, Libanais, Syriens, « pieds-noirs » et d’évadés de France par l’Espagne. Cette armée débarquait sur la côte méditerranéenne le 16 août 1944, sur un sol que la plupart des soldats ne connaissaient pas.
Tous s’étaient déjà illustrés en Afrique du nord et en Italie notamment, en remportant d’importantes batailles contre les troupes allemandes. Et ils venaient maintenant libérer la France.
Guidés et épaulés par les résistants de la région, l’armée B libère la Provence en 12 jours soit en avance de presque 1 mois sur les prévisions américaines. Le général de Lattre de Tassigny salue ainsi le rôle décisif des résistants, je cite : « L’heure de notre délivrance a été effectivement hâtée par l’action de nos maquis, mais ce serait par trop réduire le rôle de nos maquis que d’en retenir seulement le bilan matériel. Ils ont aussi achevé de galvaniser l’âme de la France. Ils ont été le levain qui a permis l’inoubliable insurrection des jours de la Libération. » Fin de citation.
Pour fait de résistance, notre ville a été décorée de la Croix de Guerre avec étoile de vermeil.
Rappelons que, des bâtiments allemands qui devaient être construits ou réparés aux chantiers, aucun n’a pu être livré car des mains anonymes les avaient sabotés. Rappelons également le sacrifice de seynois dont les noms figurent sur des plaques de nos rues et parmi eux les trois policiers dont nous venons d’honorer la mémoire. Rappelons enfin que c’est près d’ici, devant la Bourse du Travail, que s’est faite la jonction entre les F.T.P. seynois, un escadron du Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc et un bataillon de Tirailleurs Sénégalais de l’ Armée B.
Plus tard se réalisera ce que l’on a appelé »l’amalgame » c’est-à-dire l’incorporation de résistants dans l’armée de de Lattre qui les conduira jusqu’en Allemagne.
Oui, nous sommes heureux de commémorer la libération de notre ville ; heureux de commémorer la défaite du régime nazi. Cependant, aujourd’hui nous devons affronter une autre guerre impitoyable, insidieuse, une guerre économique, une guerre qui désoriente, désespère et exploite nos concitoyens ; une guerre qui jette dans les rues, sur les routes ou dans des embarcations de fortune des familles prêtes à tout pour rejoindre ce qu’elles prennent pour un Eldorado : l’Europe. Ces hommes et ces femmes, souvent descendants de ceux que l’on appelait les « supplétifs », ceux de l’armée de de Lattre qui nous ont libérés, déchantent vite sur un sol où dominent la peur et le « chacun pour soi ».
En ces jours de fête, il ne tient qu’à nous de décider d’en faire des jours de lutte pour reconquérir les droits légués par les résistants du Conseil National de la Résistance ; d’en faire de nouveaux jours de libération de la peur et de la haine. Sachons distinguer nos vrais ennemis. Faisons en sorte que les combats et les sacrifices de nos aînés n’aient pas été vains.
Retour Sommaire Allocutions
Pages réalisées par Louis VAISSE